Choc inter-infraculturel

Publié le par AP

Me voila maintenant tenue de vous parler du choc inter-infraculturel, concept inventé par votre humble servante, a cet instant, et qui la replace bien malencontreusement dans la droite lignée des concepts tordus et inutiles qui ont constitué, a son esprit défendant, l’un des acquis majeurs de ses études supérieures*.
 
Par inter-infraculturel, j’entends l’étonnement que peut produire l’observation des coutumes issues de votre propre culture. Cela reste en quelque sorte interculturel puisque cet étonnement sincère (c’est une des spécificités de ce concept, par opposition a la « lucidité » dont un individu peut faire montre a l’égard de sa propre culture) est du a l’éloignement géographique ou moral du sujet d’avec sa culture d’origine que peut occasionner la fréquentation prolongée d’une autre culture.
 
« Las et pitié ! » entends-je murmurer par delà l’écran, «  de grâce épargne nous les préambules vainement methodologiques et viens en au fait ! ». Comme ma pédanterie n’a d’égal que mon angoisse – abyssale - de froisser des lecteurs fidèles, oui oui, je viens au fait.
 
Le fait est le suivant : j'ai passe recemment un week-end merveilleux en Sologne, belle région de France s’il en est. Un week end merveilleux a plus d’un titre – le temps printanier permettant de longues nonchalances au soleil, une nature magnifique et apaisée, une compagnie de choix, mes amis d’études, vieux habitues des reparties rapides, que mes récents choix de vie ne me permettent pas de voir aussi souvent que je le souhaiterais.
 
Je suis partie avec mon homme, déjà amusé des échanges d’e mails préalables et organisationnels : «  mais ma chérie, si je comprends bien, le programme c’est seulement manger ? ».
Il n’était pas loin de la vérité.
Le premier soir a commencé tard – le temps d’arriver a Paris puis, de Paris, atteindre la maisonnée isolée dans la campagne - nous arrivâmes a minuit, les yeux engourdis et l’estomac bavard.
Nous fumes accueillis avec des rillettes, un pâté de campagne, du saucisson et l’inévitable et réglementaire coup de rouge.
Le festin dura jusque tard dans la nuit, ponctue de vagues riantes et de silences fort brefs - les rillettes survivant en petit nombre au carnage gastronomique.
 
Le lendemain matin, je me levai péniblement vers midi, descendit au petit-déjeuner – une tablée joyeuse dégustait brioches et confiture et cela dura jusque vers 14h/14h30 après quoi certains d’entre nous s’autorisèrent une promenade digestive pendant que d’autres, plus dévoués, commençaient la préparation du déjeuner. Vers 16h nous commençâmes le déjeuner (3kg de viande au barbecue et des petits légumes au four).
Apres quoi nous entamâmes lourdement une seconde promenade, certains partant a pied, d’autres en « deudeuche », un bonheur.
 
De retour vers 19h, je trouve certains de mes congénères en plein goûter et me joins a eux pour une séance « Carla et Nicolas – les derniers potins », au coin du feu.
Finalement, après une petite sieste, vers 20h30/21h, les préparatifs du soir commencent et le dîner commence a 23h, soupe de cressons et pâtes, pas de viande, quand même n’exagérons pas.
 
Apres cette pénible journée, je fus parmi les premières a me retirer dans la chambre, épuisée de ces orgies culinaires dont j’ai complètement perdu l’habitude.
Enfin, le lendemain matin, nous profitons d’un dernier petit déjeuner – sucré encore une fois – et d’un déjeuner rapide avant de rentrer a La Haye, parce que c’est loin.
 
Nous avions, tous les Français, présents, essayé de nous maîtriser et une règle avait même été établie, dont je pris connaissance au courant de ces quelques jours : ne pas parler bouffe pendant qu’on mange.
 
Autant vous le dire : nous n’avons pas respecté cette règle.
 
Et moi de conclure, avec mon amie hongroise presente et sous le regard approbateur de mon grand Batave : «  ah oui c’est quand meme fou a quel point la nourriture est importante en France… »
 
 
 
* Cela étant, j’ai toujours partagé avec moi-même la croyance qu’un concept que le dictionnaire Microsoft Word ne peut reconnaître est valable intrinsèquement (1)
(1) Voir, Heidegger, « hymnes a Hoelderlin ».
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